Thierry Lepercq: L’objectif des 20 Mt/y pour 2030 n’a jamais été justifié
Thierry Lepercq, fondateur et président de HyDeal, a exprimé son opinion sur la récente décision de la Cour des comptes européenne (CCE) d’examiner de manière critique les politiques de l’UE en matière d’hydrogène vert. Selon Lepercq, cette révision est particulièrement commentée par les sceptiques de l’hydrogène, car la CCE soulève des points pertinents basés sur des faits indéniables. En effet, l’objectif de 20 Mt/an d’ici 2030, fixé il y a deux ans, n’a jamais été justifié de manière substantielle, ce qui soulève des doutes sur sa faisabilité et sa pertinence.
Lepercq souligne également le coût élevé de la production d’hydrogène vert dans l’UE, comme le montre la récente enchère de la Banque européenne de l’hydrogène. Ce coût élevé crée un écart considérable avec les alternatives fossiles, rendant les régimes de subventions et les mandats réglementaires, en particulier pour les carburants de raffinage et d’aviation, financièrement insoutenables. Il met en garde contre la surcharge de l’industrie européenne avec des coûts et des régulations massifs, ce qui pourrait entraîner une délocalisation de la fabrication et d’autres secteurs économiques.
Malgré ces critiques, Lepercq affirme que les efforts de décarbonisation, pour lesquels l’hydrogène vert est essentiel dans de nombreux secteurs, ne doivent pas être abandonnés. Il met en garde contre le débat politique dans certains pays qui prône l’abandon de ces efforts, surtout à un moment où les températures mondiales ont dépassé le seuil critique de 1,5 °C. Selon lui, il est impératif de continuer à soutenir le développement de l’hydrogène vert.
Lepercq propose une voie claire pour aller de l’avant, que la CCE découvrira bientôt : (i) agréger une demande non subventionnée d’hydrogène vert (à 2,5 €/kg livré) dans l’industrie européenne, l’énergie et la mobilité ; (ii) produire à grande échelle de l’hydrogène solaire compétitif provenant de divers pays de la région MENA (pour diversifier l’approvisionnement et atténuer les risques) ; et (iii) mettre en place des infrastructures de pipelines (le moyen le plus rentable de transporter le produit), comme cela a été récemment annoncé entre la Tunisie et l’Italie.
Pour conclure, Thierry Lepercq exprime un optimisme prudent : malgré les défis actuels, il croit fermement que le temps du marché et du système euro-méditerranéen de l’hydrogène vert est venu. Comme le dit le proverbe, « il fait toujours plus sombre juste avant l’aube ». Selon lui, l’avenir de l’hydrogène vert en Europe est prometteur, à condition de suivre la voie proposée.